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Transformez ce qui vous plomb en or

Il était une fois une tribu dirigée par un bon chef.

Ses hommes chassaient le mammouth, savaient se protéger des ours de cavernes et des tigres à dents de sabre, et leurs femmes étaient fertiles.

Mais un jour, lors de la chasse, un de leurs meilleurs chasseurs se fit blesser à la jambe. D’habitude, dans ce cas-là, les chasseurs tombés étaient abandonnés, et ils ne tardaient pas à mourir. Mais l’homme se releva. Il s’appuya sur sa lance, et courageusement, il réussit à rejoindre le camp. Les autres chasseurs s’insurgèrent contre ce manque de respect des règles.

Le chamane les rassura. Même s’il ne faisait pas ce qu’on attendait de lui, avec une telle blessure, l’homme ne pourrait pas vivre bien longtemps. Lorsque le blessé entra dans la grotte, il s’assit à l’écart du feu, au-delà même du coin des femmes, juste pour ressentir un peu de chaleur.

Mais l’homme ne mourut pas. Il ne pouvait presque plus marcher, et encore moins courir, mais il était bien vivant. Très vite, les chasseurs protestèrent contre cette bouche inutile à nourrir.

Encore une fois, le chamane les arrêta. Ils ne lui donneraient que les petites proies ramenées par les femmes.

Alors l’homme blessé appris à se contenter de manger les souris et les rats que les femmes voulaient bien lui laisser. Toute la tribu jetait sur lui les déchets de leurs repas. Lui ne disait rien, et les laissait faire. Il avait été un des meilleurs chasseurs du clan. Il devait se marier avec la fille du chef. Il aurait pu devenir le chef à son tour. Il n’était plus rien, maintenant.

Un jour, le froid arriva. La tribu avait l’habitude du froid. Il revenait toutes les quatre saisons. Mais cette fois-ci, il était beaucoup plus intense. Les chasseurs avaient du mal à courir dehors. Quand ils rentraient de la chasse, ils devaient passer beaucoup plus de temps à se réchauffer autour du feu. L’homme blessé, à l’écart, souffrait bien plus que tous les autres, parce qu’il pouvait à peine bouger.

Et le froid durait, et s’intensifiait. Presque toutes les proies avaient disparu. Les chasseurs se couvraient des peaux des tigres, des ours et des mammouths en les portants sur leurs épaules. Ils se servaient de cordes pour les faire tenir sur leur dos, mais ils avaient toujours froid aux jambes, aux mains et aux pieds. Les trophées de chasse n’étaient pas partagés avec l’homme blessé. Ils étaient à peine parfois partagés avec les femmes, qui s’en servaient pour couvrir les enfants. La faim commença à se faire sentir dans la tribu.

Tous souffraient. Les plus faibles commençaient à mourir. Les plus âgés, et les plus jeunes. A l’écart du feu, grelottant, l’homme comprit qu’il allait mourir lui aussi. Il n’avait sous la main que les restes des petits animaux qu’il avait mangés. Des toutes petites fourrures. De tout petits os. De tout petits tendons. Il avait beau étaler les petites fourrures sur son corps, il n’arrivait pas à se couvrir complètement. Elles glissaient tout le temps. Il lui aurait fallu une peau plus grande. Mais il ne pouvait pas en prendre une, il se ferait tuer. Déjà qu’on ne lui donnait presque plus à manger…

C’est alors qu’il eut une idée. Deux petites peaux pouvaient en faire une plus grande, si on les attachait ensemble. Mais il n’avait pas beaucoup de peaux, pas comme les chasseurs. Les nœuds prenaient presque toute la surface. Ça ne marchait pas.

Il se mit à réfléchir à la meilleure façon d’assembler ce qu’il avait. Il avait bien de vieux tendons racornis, mais les peaux glissaient lorsqu’il les liait. Patiemment, il travailla. Parce qu’il y pensait tous les jours, il eut l’idée de se servir des petits os, taillés en pointe, pour faire les trous. Puis de s’en servir aussi pour faire passer les tendons à travers les trous. Travailler les os lui rappelait l’époque où il façonnait ses armes. C’était juste beaucoup plus délicat.

Il cassa presque tous les os qu’il avait autour de lui. Mais petit à petit, il réussit à faire un petit os pointu et troué, puis plusieurs. Il devint de plus en plus efficace pour lier les petites peaux. Comme les fourrures étaient rases, parce qu’elles venaient de petits animaux, il les agença de façon à ce qu’elles s’adaptent à la forme de ses bras et de ses jambes. Il en mit plusieurs couches. Et un jour, à force d’y travailler, il obtint une fourrure qui le couvrait complètement, du cou, jusqu’au bout des orteils. Il n’avait plus froid. Il n’avait plus besoin d’être à côté du feu. Il commença à se fabriquer un bonnet, pour couvrir sa tête.

Lorsqu’ils rentrèrent ce jour-là, les chasseurs remarquèrent que l’homme blessé s’était encore éloigné du feu. Ils virent l’étrange peau dont il était complètement couvert. Les premiers chasseurs se moquèrent de son apparence. Mais l’un d’entre eux remarqua qu’il n’avait pas l’air d’avoir froid. Il se leva, et le menaça de sa lance pour qu’il lui donne son étrange fourrure. L’homme blessé refusa. Alors le chasseur le jeta à terre, et leva sa lance bien haute pour le tuer.

C’est à ce moment-là que le chamane stoppa le chasseur fou de rage.

Devant toute la tribu, il demanda à l’homme blessé d’où venait cette étrange fourrure. L’homme lui expliqua qu’il l’avait faite.

Alors le chamane lui demanda s’il pouvait en faire d’autres…

Depuis ce jour-là, la tribu cessa d’avoir froid. Les hommes réchauffés étant plus efficaces à la chasse, la tribu cessa d’avoir faim. L’homme blessé ne fut plus jamais considéré comme une bouche inutile à nourrir, au contraire, il était devenu l’une des personnes les plus importantes de la tribu.

Elle est étrange, la Vie…

Parfois, elle nous met sur des rails, on pense que notre voie est toute tracée, l’avenir s’annonce prometteur. Et parfois, elle nous joue des tours, nous entraîne dans les impasses, nous détruit littéralement.

La réaction classique, c’est de se dire qu’elle est injuste. Qu’on n’a pas mérité ça. Que ce n’est pas « normal ». Mais qui peut dire ce qui est normal ? C’est toujours dans les pires conditions que l’on peut révéler vraiment qui on est.

Alors, après les premières douleurs, autant se retrousser les manches, regarder autour de soi, et voir ce que l’on peut faire des déchets dont on est couverts.

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